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Grands Ballets Canadiens De Montréal – L’Amant De Lady Chatterley

   Crédits photos: Sasha Onyschenko

La danse est ma première passion. Je l’ai pratiquée sept années durant, de sept à quatorze ans et ai été forcée d’arrêter pour des raisons personnelles. Lorsque j’ai déménagé en France à l’adolescence, le désir de prendre des cours de hip hop était si vif qu’il me consumait de l’intérieur, mais j’étais si mal dans ma peau et si peu sûre de moi à l’époque, que l’idée de bouger mon corps devant d’autres personnes me terrifiait; Je me suis donc contrainte moi-même d’abandonner ma passion. Puis un jour, je suis tombée sur l’émission So You Think You Can Dance, qui m’a introduite à la danse narrative, me faisant ainsi découvrir la danse sous un jour que j’ignorais jusqu’alors et ranima la flamme de ma passion. Je réalisai que l’on pouvait s’exprimer et transmettre toutes nos émotions dans un enchainement de mouvements rythmés. Cette émission m’a émue, parfois aux larmes, m’a donné des frissons et m’a fait retomber en amour avec la danse: chaque chorégraphie narrait une histoire et faisait passer des émotions si intenses! C’était théâtral et beau. Avec les années, j’ai cessé de regarder ce genre d’émission et, n’étant pas exposée à cet art au quotidien, mon amour pour la danse s’est tranquillement dissipé, derrière une panoplie d’obligations, et autres centres d’intérêt qui eux, ne nécessitaient pas de ma part de sortir de ma zone de confort.

Il y a quelques mois pourtant, j’ai pris la ferme décision de réaliser toutes mes passions, peu importe que celles-ci m’effraient ou pas. La vie est beaucoup trop courte pour faire le choix de vivre dans la peur, plutôt que de déployer ses ailes et se réaliser pleinement en tant qu’être humain.

Afin de m’inspirer et de me remettre dans l’esprit de cet art que j’affectionne tout particulièrement, j’ai tenu à voir un spectacle de danse de haut niveau, et c’est ainsi que j’ai assisté hier soir à la première mondiale de l’interprétation au ballet du sulfureux roman: “L’Amant De Lady Chatterley” de D.H. Lawrence par les Grands Ballets Canadiens De Montréal. Chorégraphié par la talentueuse Cathy Marston, réputée pour ses adaptations au ballet de classiques de la littérature, et sous la direction artistique d’Ivan Cavallari, le spectacle d’hier fut époustouflant. Les moments clés de l’histoire de L’Amant de Lady Chatterley se déroulaient de manière théâtrale, tandis que les visages des danseurs, habités par les personnages qu’ils incarnaient, se crispaient ou s’illuminaient; en même temps que leur corps s’élançaient gracieusement, se courbaient de frustration, se jetaient à terre de tristesse, s’entrelaçaient avec sensualité, s’emboitaient fougueusement, ou se repoussaient passionnément, transmettant ainsi toute la force des émotions de l’histoire dans une technique absolument parfaite, et au rythme de la musique divinement composée par Philip Feeney et merveilleusement dirigée par Dina Gilbert.

Nous avons ainsi pu voir la guerre, qui priva Sir Clifford de l’usage de ses jambes à vie; l’ennui de son épouse, Lady Chatterley, interprété par l’on ne peut plus gracieuse Eline Malègue; la rencontre de cette dernière avec le garde-chasse, Olliver-Mellors, exceptionnellement interprété par Raphaël Bouchard (l’un de mes moments favoris du spectacle) et les moments charnels entre eux; l’embauche de l’infirmière, incarnée par Sahra Maira; la grossesse de Lady Chatterley, son divorce et son départ avec le garde-chasse, qui figurent également parmi mes moments préférés du spectacle, de par la douceur et la langueur des mouvements, le décor et les costumes épurés et les notes du piano qui s’élevaient dans la salle comble et silencieuse, comme accrochée solidement à chaque envolée de musique, aux moindres pas et expressions faciales des danseurs.

En résumé, L’Amant De Lady Chatterley est un spectacle magnifique à voir absolument à la salle Wilfrid-Pelletier du 4 au 13 octobre. Pour plus d’information et pour réserver vos billets, cliquez ici.

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